Les premiers seigneurs du Valentinois vers la fin du Xe siècle furent les Geilon (ou Geilin). C’est un membre de cette famille, Lambert, qui fonda en 985 le prieuré de Saint-Marcel, le confia à des religieux bénédictins de Cluny, et leur donna aussi Sauzet en 1037. Les premiers prieurs de Saint-Marcel furent donc aussi les premiers seigneurs connus de Sauzet, sous la dépendance des Comtes du Valentinois. Cette situation se perpétua d’ailleurs pendant toute la période de la féodalité.
Après les Geilon qui ont fait bénéficier de leurs droits, sur Sauzet, les prieurs de Saint-Marcel, Sauzet tomba sous la domination des Adhémar, seigneurs de Grignan, de la Garde et de Montélimar. L’un d’eux Giraudet Adhémar (1), y intervient en 1210. C’est sous leur mouvance que vers 1260, la famille des Artaud seigneurs d’Aix-en-Diois possède la terre de Sauzet. Des actes montrent ces Artaud, transigeant en 1262, avec Hugues et Giraud Adhémar au sujet de leur part de seigneurie, de la mouvance (cf. féodalité) des Adhémar.
Giraud Adhémar, en 1280-1284, vend à l’évêque de Valence, pour 5000 sols viennois, un droit de suzeraineté sur Sauzet, Condillac, Lachamp, Les Tourettes, Divajeu et une partie de Montélimar. Sauzet passe en 1290 sous la haute autorité du pape Boniface VIII ainsi que quelques fiefs voisins. Tandis que la famille des Artaud d’Aix-en-Diois possédait la terre de Sauzet, les Poitiers qui venaient d’acquérir le comté de Marsanne cherchaient à étendre leur domination sur les pays environnants. Le 11 mars 1264, Aimar III de Poitiers en mariant sa fille avec Bertrand de Baux assigna la dot de la future épouse sur le château de Sauzet.
Les Poitiers au fil des années avaient réussi à devenir les seuls possesseurs de Sauzet et travaillèrent à augmenter le bien-être de leurs vassaux et de leurs sujets. Ceux-ci donnèrent, en 1338, une charte de libertés municipales aux habitants de Sauzet. Son château a été la résidence, en partie, du comte Aymar IV (2) et de Louis II (3) qui fit procéder à sa restauration, et donne la possibilité à Cécile de Beaufort sa première femme et à Guillemette de Gruyères sa seconde femme, de résider au château de Sauzet (4).
C'est en 1419 que la famille de Poitiers transféra au futur Dauphin, devenu Louis XI, fils de Charles VII les comtés du Diois et du Valentinois. Par la suite, Sauzet fut donné en viager aux d'Hostun en 1447 (5), puis vendu sous faculté de rachat aux Galéas de Saint-Séverin en 1521, aux Moreton de Chabrillan en 1537, aux d'Albert en 1573 et aux Armand de Forez en 1591. Puis le 12 juin 1656, le comté fut déclaré comme appartenant à Honoré II Grimadi de Monaco, en vertu des services qu’il venait de rendre à la couronne de France. Les consuls et habitants durent reconnaître au Prince la justice haute, moyenne et basse, ainsi que les droits et devoirs féodaux. Les Grimaldi de Monaco devaient conserver leur autorité jusqu’à la Révolution Française de 1789.
(1) Pour partie, d'après le livre de Jean-Marie Bally, Les villages royaux du Dauphiné. Bibliothèque de Sauzet, 1996 , 170 p, p 33. (Voir aussi sources et notes en bas de page)
(2) On a un codicille de son testament, daté de l'année 1324 et signé à Sauzet, dans lequel il augmente la part d'hérédité de son fils Amédée - In Chevalier, Jules (1845-1922). Mémoires pour servir à l'histoire des comtés de Valentinois et de Diois. Tome Ier, Les anciens comtes de Die et de Valence, les comtes de Valentinois de la maison de Poitiers. 1897, Bibliothèque nationale de France. P. 296
(3)ibid., P. 411 : "Le comte avait alors sa résidence au château de Sauzet." ... "sa dette envers le juif Héliot n'était pas éteinte, car nous voyons, le 9 janvier 1399, sur les ordres formels du comte et de Pierre Chabert, receveur général de ses finances, les habitants de Crest prendre l'engagement de payer, dans l'année, à ce banquier de Valence, une somme de 400 florins d'or qu'ils déclarent devoir à leur seigneur, tant pour sa rançon que pour la dot de sa fille "...
(4 ) ibid., p. 419 - 420 : " Le 14 juin 1404, le comte Louis II, se trouvant au château de Sauzet, devait confier à l'évêque de Valence, son cousin, à qui il associa Pierre de l'Isle et Pierre Chabert, de traiter, en son nom, avec le roi, des conditions de la cession de ses Etats à la couronne. Au nombre des conditions (37 articles) de cette cession, on relève, que si le comte a un fils légitime, il pourra (lui ou les siens) recouvrer ses droits en rendant les 100 000 écus. De même, Cécile de Beaufort, femme du comte, aura après la mort de celui-ci une rente annuelle de 600 florins, avec Grâne ou Sauzet pour résidence, à son choix. Elle jouira, en outre, sa vie durant, des revenus de la terre de Rompon. Le roi se charge aussi de payer à la comtesse major ce qui pourrait lui être dû à raison de son douaire, car elle est à ce sujet en procès avec le comte devant le parlement. Il confirme, en 1417, le douaire assigné à sa femme Guillemette de Gruyères en contrat de mariage, reçu par Bertrand Rabot et Jean Robert, notaire du duc de Savoie, il lui donne, en outre, le château de Grâne pour sa résidence, y compris les revenus du lieu et ceux de Chabrillan ... Si Guillemette préfère habiter Sauzet, elle aura ce dernier château, avec ses revenus et ceux du comte à Montélimar. Elle pourra ainsi choisir l'une ou l'autre de ces résidences, mais cette faveur ne lui est accordée qu'à la condition de ne pas convoler à de secondes noces.
(5) Un acte de Louis II établi à Ensisheim en Allemagne, 3 octobre 1444, signifié par Lettres contenant don, pour une durée de dix ans, du château de Sauzet , en Valentinois, avec pouvoir d'y instituer tels officiers qu'il lui plaira, en faveur d'Antoine d'Hostun écuyer (*), pour le récompenser de ses services et le dédommager des fonctions de bailli des comtes de Valentinois et Diois qu'il voulait exercer. (Enregistrées 11 mars 1446). Antoine d'Hostun, seigneur de la Baume d'Hostun, avait déjà exercé les fonctions de bailli des Baronnies et de châtelain de Mérindol , de Saint-Jean-en-Royans , de Sainte-Euphémie et de Crest. En 1483, Jean d'Anjou fut nommé châtelain de Sauzet, après réduction de la châtellenie sous la main de Charles VIII. In Pilot de Thorey, Emmanuel (1847-1903). Catalogue des actes du dauphin Louis II, devenu le roi de France Louis XI, relatifs à l'administration du Dauphiné. Vol. 1. 1899. V. Truc (Grenoble). BNF p.48 p.501
(*) voir la généalogie de la maison d'Hostun sur Wikipédia
Le Valentinois dépendait de la province du Dauphiné. Le Valentinois fut échangé en 1446 par le duc Amédée VIII de Savoie le Pacifique contre le Faucigny au profit du roi Charles VII de France.
À la fin du XIe siècle, on voit apparaître la famille d'Adhémar, sans doute originaire du Royans et qui peu à peu assoit son autorité sur la région. Guillaume-Hugues d'Adhémar est le premier seigneur de Montélimar ("seigneur de Monteil"). Il est le frère d'Adhémar de Monteil, évêque du Puy et légat du Pape pour la première croisade. La famille régnera sur la région de Montélimar jusqu'au XIIIe siècle.
Les Adhémar, au XIe siècle vont construire autour de leur fief de nombreux châteaux (Grignan, Châteauneuf-du-Rhône, Rochemaure et La Garde-Adhémar). La seigneurie comptera à son apogée une trentaine de châteaux. (pour la génalogie des Adhémar document format PDF à télécharger)
En 1198 la seigneurie est partagée entre deux frères, Giraud et Lambert d'Adhémar.
Les Poitiers-Valentinois ont dominé le Diois et le Valentinois qui a connu une époque de prospérité, jusqu'en 1348 (année de la peste noire). Avec Aymar VI, la maison des Poitiers atteignit son apogée. Ses différends avec le roi et l'évêque de Valence le conduisent, en 1374, à devenir le vassal du Pape. Son successeur Louis II de Poitiers-Valentinois, toujours avec les mêmes différends auxquels s'ajoute celui avec le seigneur de Saint-Vallier (héritier des comtes) propose, en 1390, ses états au Roi, en gardant, cependant, la jouissance de ceux-ci, jusqu'à son décès en 1419. Les états de Louis II comprenaient vingt-sept villes ou châteaux, onze forteresses et environ deux cents fiefs lui appartenant en propre ou bien tenus par des vassaux.
Le Valentinois fut érigé en duché-pairie1498 pour César Borgia par le roi Louis XII de France. Le duché de Valentinois fut donné en 1548 à Diane de Poitiers par le roi Henri II de France et en 1642 au prince de Monaco Honoré II par le roi Louis XIII de France. Les princes de Monaco en portèrent régulièrement le titre jusqu'en 1949, date du décès du prince Louis II de Monaco.
Sources : wikipedia : Ancien régime Chevalier, Jules (1845-1922). Mémoires pour servir à l'histoire des comtés de Valentinois et de Diois. Tome Ier, Les anciens comtes de Die et de Valence, les comtes de Valentinois de la maison de Poitiers. 1897, Bibliothèque nationale de France (BNF). Brun-Durand, Justin. Dictionnaire topographique du département de la Drôme : comprenant les noms de lieux anciens et modernes, 189, P.368. BNF (cliquez) Version vocale
Guy Allard, Hyacinthe Gariel Dictionnaire historique, chronologique, géographique, généalogique, héraldique, juridique, politique et botanographique du Dauphiné Statistique du département de la Drome De Nicolas Delacroix
1835 - Drôme (France) - 696 pages
Notice historique de Sauzet de l'Abbé A. Vincent. Voir aussi le cahier N°3 Histoire et Patrimoine (PDF)
R. B.